Au symposium annuel de San-Antonio les auteurs d’une étude observationnelle concluent à une moindre survie associée à la mastectomie des cancers du sein précoces. Attention aux conclusions hâtives !
Le Dr Van Maaren a présenté une étude portant sur plus de 37.000 patientes traitées pour un cancer du sein pT1-2N0-1 par chirurgie première entre 2000 et 2004 dans un des 90 hôpitaux du Pays-Bas.
Avec un long suivi, le traitement avec conservation mammaire (tumorectomie suivie de radiothérapie) était associé à une survie prolongée par rapport à une mastectomie.
Cette conclusion est trompeuse pour beaucoup de raisons.
Premièrement, les deux populations de patientes n’étaient pas comparables. Les auteurs ont cherché à prendre en compte ces différences et ont abouti aux mêmes constatations. Cependant, la présence d’autres différences, inconnues, appelées facteurs confondants, est un risque de biais majeur dans ces études.
Deuxièmement, la différence en survie ne semble pas médiée par un taux augmenté de femmes dont la maladie ne devient pas métastatique. Comment alors expliquer que ces femmes vivent plus longtemps.
Troisièmement, la différence en survie est beaucoup plus importante que ce à quoi on pourrait s’attendre grâce à l’effet de la radiothérapie dans le traitement conservateur du sein. C’est pourtant bien le recours à la radiothérapie qui expliquerait, selon les auteurs, cette survie majorée.
En conclusion, il est beaucoup plus sage de se fier aux données d’études randomisées[1], qui concluent à une survie équivalente entre traitement conservateur (chirurgie + radiothérapie) ou non (mastectomie seule) pour les cancers du sein précoces. La conclusion de ces études randomisées reste valable, même si elles ont été faites à une époque où le diagnostic, le traitement systémique (chimiothérapie, hormonothérapie,…) et le mode de vie étaient sensiblement différents.
[1] Une étude randomisée est une étude où le traitement est tiré au sort entre différentes modalités thérapeutiques que l’on souhaite comparer.