De nombreuses femmes atteintes d’un cancer du sein n’ont aucun intérêt à recevoir une chimiothérapie. Des tests génomiques, comme l’Oncotype DX®, permettent de les identifier. Mais tous les établissements de cancérologie ne le proposent pas à leurs patientes. Ce post explore les raisons pour lesquelles l’Institut Français du Sein l’utilise depuis des années.
Malgré ses multiples effets secondaires, la chimiothérapie a longtemps été proposée à presque toutes les femmes atteintes d’un cancer du sein. Or, si ce traitement sauve chaque année des milliers de vies, il n’apporte aucun bénéfice dans un certain nombre de cas, entraînant au contraire un surcroît de souffrances tant physiques que psychiques. Mais comment distinguer les femmes devant bénéficier d’une chimiothérapie de celles ayant, au contraire, intérêt à s’en passer ?
Oncotype DX®, le test génomique qui a révolutionné la prise en charge
L’avènement de la génomique des tumeurs (étude de l’expression des gènes tumoraux) au début des années 2000 a permis de développer des tests capables de déterminer la pertinence d’une chimiothérapie, parmi lesquels l’Oncotype DX® . Ce test, le plus utilisé et le plus étudié dans le monde, est effectué sur la tumeur prélevée durant l’intervention. Il explore le risque de récidive, mais aussi (et c’est le plus important) l’intérêt d’une chimiothérapie).
Il devrait être proposé chaque fois que son résultat est susceptible de modifier l’indication d’une chimiothérapie. Les femmes souffrant d’un cancer hormonodépendant, n’exprimant pas l’antigène Her2, sont éligibles à ce test (environ 70% des patientes). Selon le résultat du test, elles devraient se voir proposer soit une hormonothérapie seule, soit un traitement combinant hormonothérapie et chimiothérapie.
Près de 70 % des femmes peuvent éviter une chimiothérapie
Un essai clinique (de très grande ampleur), concernant Oncotype DX®, publié en 2018 (TailorX) a montré que près de 70 % des femmes atteintes d’un cancer du sein sans envahissement ganglionnaire (RH+, HER2-, N-) peuvent éviter la chimiothérapie qu’elles soient ménopausées ou non ménopausées. Il faut cependant noter que les critères de décision sont différents selon l’âge des patientes.
En 2021, une autre étude (également de grande ampleur) à laquelle de nombreux centres Français ont participé (RxPONDER) a montré l’inutilité d’une chimiothérapie pour 85 % des patientes ménopausées ayant entre 1 et 3 ganglions axillaires touchés. En revanche, lorsque les ganglions sont atteints chez une femme non ménopausée le test n’a pas d’utilité, une chimiothérapie est constamment proposée.
La mise à jour des recommandations de l'ASCO, sous la direction de Fabrice André, permet de se positionner sur l'emploi des tests génomiques. Vous trouverez, en annexe, à la fin de ce post l'algorithme de décision.
Intégrer d’emblée le bon circuit de soins
Oncotype DX® a bouleversé la prise en charge des personnes atteintes d’un cancer du sein en diminuant drastiquement le nombre de chimiothérapies. Son remboursement est conditionné au fait qu’il doit être proposé dans l’établissement où la patiente a été opérée. Il est donc important de se renseigner au préalable afin de savoir si ce test pourra ou non être proposé.
Mise à jour des recommandations de l'ASCO concernant l'usage des biomarqueurs
et des signatures génomiques. (Avril 2022)
Pour les patientes jeunes (non ménopauséees ou moins de 50 ans) RE+/Her2- :
Si aucun des ganglions n'est atteint, la signature à retenir est Oncotype DX®.
Si les ganglions sont touchés : aucune signature n'est recommandée.
Pour les patientes plus âgées (ménopausée ou plus de 50 ans) RE+/Her2- :
Si aucun ganglion n'est atteint, la signature à privilégier, en fonction du niveau de preuves élevé, est Oncotype Dx. Notons que la signature Mammaprint peut être également proposée avec un bon niveau de preuves.
Si 1 ou plusieurs ganglions sont atteints (moins de 4) : la signature à privilégier, en fonction du niveau de preuves élevé, est Oncotype Dx®. Notons que la signature Mammaprint peut être également proposée avec un bon niveau de preuves.
Si plus de 3 ganglions sont touchés : aucune n'est recommandée.
Le panel d'experts n'a pas retenu d'indications d'une signature génomique pour les patientes RE- et/ou Her2+
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