TRAITER AU MIEUX LE CANCER DU SEIN. PARIS
Des différences de traitements entre les structures
En matière de cancer, les soignants, tous les soignants, n’ont qu’une idée en tête, offrir à leurs patientes le meilleur d’eux-mêmes et le meilleur de leur art. Pourtant, les observateurs du monde de la santé, les patientes elles-mêmes, décèlent des différences notables selon les équipes, les régions. Il serait trop long et fastidieux d'en énumérer les causes, cependant on peut esquisser certaines pistes.
Le temps imparti
Nous avons créé l’Institut Français du Sein en 2015 en partageant un constat : le temps est l'élément essentiel pour un soin de qualité. On parle ici du temps de la consultation, du temps d'analyse du dossier, mais aussi du temps au bloc opératoire.
Certains actes très chronophages et éminemment techniques comme la pratique des lambeaux libres (Type DIEP ou PAP) ne trouvent pas souvent leur place dans notre système de soins : trop longs, trop coûteux.
Le temps imparti est également crucial pour expliquer les divers protocoles de soins avec leurs options. D'abord et surtout par respect de nos patientes. Elles doivent participer activement à cette discussion, mais pour y parvenir, elles doivent en comprendre les enjeux. Et c'est parfois long et difficile. Mais c'est aussi, en dehors de l'aspect éthique de cette exigence, le chemin vers l'efficacité et l'observance des traitements.
Réduire les séquelles des traitements par l'innovation
L'innovation n'a d'intérêt que si elle apporte une amélioration (aussi minime soit-elle) aux pratiques antérieures. Elle n'est recevable que si les éléments qui la fondent sont probants. Ainsi, lorsque nous nous engageons sur une diminution drastique du taux de chimiothérapies, nous le faisons en ne sacrifiant jamais l'essentiel : les chances de guérison.
Une collaboration étroite
Selon le prisme que nos différentes spécialités nous imposent, nous voyons souvent le dossier de manière incomplète. Par exemple, le cancérologue va penser guérison, souvent chimiothérapies, tandis que le spécialiste de la fertilité va penser conservation des chances de grossesses. Le chirurgien plasticien va évidemment mettre le focus sur la reconstruction du sein alors que le radiothérapeute va chercher à garantir l'absence de récidive dans le futur.
Dans ces deux exemples, parmi des dizaines d'autres, il faut trouver, par la discussion sur chaque dossier, ce compromis qui permet de dessiner le traitement optimal. Et pour y parvenir, il faut réunir les trois éléments précités : ne pas avoir à compter son temps, chercher dans l'innovation les réponses aux questions complexes, se connaître et se côtoyer beaucoup pour créer cette collaboration étroite nécessaire pour prendre les bonnes décisions.